Le musée de l’Abbaye à Saint-Claude accueille une exposition aussi saisissante que sensible signée Laurent Proux. Né à Versailles, diplômé des Beaux-Arts de Lyon, l’artiste parisien de quarante-cinq ans s’est installé l’an dernier en résidence dans la cité haut-jurassienne, pour y puiser la matière première de cette nouvelle série de peintures et de gravures regroupées sous le titre évocateur L’homme, la machine et le bois.
À travers une quarantaine de grands formats et de gravures, l’artiste explore les gestes précis des ouvriers, les postures absorbées, les corps penchés sur la matière, dans un face-à-face permanent avec la machine. Ces ateliers de pipe, ces entrepôts, ces usines, qu’il observe et retranscrit, deviennent des théâtres où l’humain lutte, compose ou s’efface devant l’appareil. Les pinceaux de Proux capturent cette tension constante entre la chair et l’acier, le bois et la mécanique, en laissant toujours percer une forme d’intimité presque charnelle avec ses sujets.

L’exposition Laurent Proux – Musée de l’Abbaye
Mais l’exposition ne s’arrête pas au seul monde ouvrier. Elle bascule aussi du côté de la nature et du relâchement des corps, lorsque ceux-ci se détachent de la contrainte du travail pour renouer avec un état de liberté. Là, les lignes deviennent plus souples, les courbes s’allongent, parfois jusqu’à frôler une sensualité à la lisière de l’érotisme.
Entre atelier et forêt, production et contemplation, Laurent Proux esquisse en filigrane une réflexion sur la condition humaine prise entre les rouages d’un monde industriel et le désir d’échapper à son emprise.
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