L’édition 2022 de Numéro 39 est paru cet été. Au sommaire, de très belles destinées et un dossier sur celles et ceux qui marchent dans les traces de Louis Pasteur.
NUMERO 39 vous en donne toujours plus pour sa septième édition. Depuis 2016, votre magazine a accumulé les événements, devancé l’actualité, vous a plongé dans l’intimité des célébrités ou fait découvrir de nouveaux talents. Plus d’une soixantaine de portraits, des dizaines d’interviews de Jurassiennes et Jurassiens, tous passionnés par leur terre natale ou leur territoire d’adoption, tous ambassadeurs d’un art de vivre, d’un savoir-faire et d’une culture farouchement revendiquée et affichée.
Qu’est-ce qu’être Jurassien aujourd’hui ? Être né dans ce département ? Y avoir vécu ? Afficher une descendance, une lignée ? Une sorte de droit du sol ou de droit du sang pour reprendre le vocabulaire d’une interrogation sociétale et politique en vogue ? Bien sûr que non ! Au fil des ans, nous avons croisé des gens d’ailleurs bien plus Jurassiens que force autochtones… Être Jurassien, c’est avant tout la conscience de faire unité avec une histoire, une terre, un environnement. C’est la découverte d’une nature, de parfums, de sensations. C’est l’émotion que suscite un ciel, un lac, une forêt, un objet réalisé avec patience, ténacité, travail. C’est se connecter avec mille et mille fils invisibles qui relient le présent au passé… Et au futur aussi. Être Jurassien, c’est prendre part à une magie, une sorte de mystère qui dépasse, qui transcende. C’est avant tout un immense amour, une reconnaissance, le sentiment d’appartenir à un tout bien vivant, riche et inspirant.
Mathilde Lhomme et Jonathan Brugnot n’ont même pas trente ans. Issus de leur petit village de Sermange ils ont cru en leurs rêves et sont montés à la capitale tenter leur chance. Aujourd’hui, elle habille les danseuses du Crazy Horse et lance sa propre ligne de vêtements. Il est costumier pour Kad Merad et d’autres artistes. Sont-ils jurassiens ? Ils vivent à Paris, reviennent pour les fêtes de famille… Mais ils ont dans leurs poches et dans leurs yeux un peu de la terre du pays, celle de l’époque où ils étaient gamins. Ils revendiquent leur accent, leur souche rurale et leur passion de l’habillage inspirés de leur passage au lycée Pasteur de Dole.
Et Emmanuelle Chossat, Miss Jura, Miss, Franche-Comté, Miss France et Univers ? Où est son enfance à Saint-Amour, puis à Salins-les-Bains ? Où sont ses études à Champagnole et ses premiers défilés faits avec les copines ? Loin, très loin sans doute. Pendant presque dix ans, elle a vagabondé à travers le monde, tapissé les magazines de mode, hanté les agences de mannequinat. La voilà aujourd’hui dans le Golfe du Lion à s’occuper de catamarans… Mais elle conserve en elle le parfum des arbres et la lourdeur du ciel d’hiver jurassien.
Et cette grande dame de la littérature et de la peinture que fut Jeanne Champion. De Gevingey elle a bâti sa célébrité à Paris. Prix Goncourt, une quarantaine de livres, près de trois cents toiles. Du Jura, elle a conservé de bien mauvais souvenirs de sa jeunesse, mais elle en a fait des livres de mémoires. Tout ça a un nom : la sublimation. Avant de partir pour son dernier grand voyage, elle a confié à Numéro 39 les souvenirs encore vivants de la ferme de son enfance, l’accent de ses grands-parents, le labeur de ces paysans qui ont tracé leur sillon dans les terres rebelles du Sud-Revermont.
Et Olivier Boisson, le petit gars de Bersaillin, dingue de mécanique, parti à dix-neuf ans et son sac à dos pour une aventure américaine sur les plus grands circuits de l’IndyCar. Il y est depuis vingt ans, a trouvé sa femme et il est aujourd’hui directeur de piste d’un certain Romain Grosjean, dont l’accident en F1 il y a deux ans reste dans les mémoires. Que serait-il sans les Noël passés dans la maison familiale, sans le givre et la froideur qu’il a fait découvrir à son épouse ? Sans le goût du vin jaune emmené aux States pour le faire découvrir aux copains sur les circuits d’Indianapolis ?
Et notre Kraken… Ce grand gaillard installé à Le Muy qui a laissé tomber une gâche en or au greffe du tribunal de commerce de Paris pour fabriquer des guitares acoustiques dans son atelier, après avoir géré des hôtels à Salins. Guillaume Buguet de son état civil ne peut pas respirer sans les sapins des plateaux, sans les balades dans ces espaces infinis où le silence l’inspire. Est-il Jurassien celui-là ? Pour sûr, la lignée de ses parents le guide à chaque instant et il ne trouve pas ça anormal, bien au contraire.
Et Camille Jourdy, la faiseuse de dessins qui invente à chaque instant histoires colorées et douces comme son trait ? Elle aussi est jurassienne, Dole et les villages de la forêt de la Serre habitent les décors de ses dessins. Les granges, les vaches, les tracteurs, les poules, les fermes et les prés guident chaque dessin. Ils sont en permanence dans son cœur et dans sa tête.
Oui, ils sont tous Jurassiens. Jurassiens d’âme. Les Pétrequin qui ont passé leur vie à fouiller le sol de Chalain et de Clairvaux entre deux chantiers en Papouasie. Jean Burdeyron, le docteur-éleveur-chasseur-politique-philosophe qui marche seul dans les bois bordant le lac de Vouglans pour regarder les arbres, scruter le ciel.
Et tous ceux qui rendent hommage à cet autre drôle de Jurassien qu’est Pasteur, deux cents ans après sa naissance. Lui aussi n’était-il pas un pur fruit de cette terre vigneronne ? Nous n’avons pas eu la chance de l’interviewer, mais nous l’avons bel et bien rencontré. Pour vous. Pour le Jura.
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